INTERVIEW Sandra Bullock, actrice dans MISS DETECTIVE (04/04/2001)

Sandra Bullock en avait assez qu’on ne lui confie que des rôles romantiques, ou des films d’action. Alors, profitant de son statut de star, elle a réussi à monter une comédie d’action où elle pouvait faire la fofolle tout en se battant avec ses partenaires. Voilà comment est né MISS DETECTIVE, qu’elle a elle-même produit. C’est donc sous la double casquette de star et de productrice qu’elle a rencontré les journalistes lors de sa conférence de presse à Paris.

Que pensez-vous des concours de beauté, qui sont au centre du film, et des filles qui y participent ?

Je suis toujours aussi jalouse ! Les filles qu’on a engagées pour le film participaient déjà à des concours de beauté. Mais quand on les connaît, on découvre que 85% d’entre elles ont un grand sens de l’humour. Ça m’a énervée encore plus ! Elles sont belles, elles ont de l’humour, elles sont très intelligentes... C’est ce qu’on dit dans le film : ces filles se servent de ce type de concours comme rampe de lancement. Et puis, il y a 15 % des filles qui prennent ces concours très au sérieux. Celles-là, je continue à les détester et à en être jalouse mais les autres, je ne peux que les apprécier.

Etes-vous plutôt proche de la Gracie garçon manqué ou de celle qui se transforme en top model ?

La première. Je m’épile les sourcils, je me rase, je lisse mes cheveux... mais vous savez, il fallait une demi-heure pour devenir Gracie numéro 1 et deux heures et demi pour la deuxième Gracie. Je ne suis pas très raffinée et je suis beaucoup plus à l’aise en étant la première Gracie. Elle est un peu comme j’étais à treize ans. Pour le rôle, je suis revenue à cette époque, avant qu’on ne m’impose la pince à épiler. Gracie garçon manqué, c’est moi. Je n’arrive pas à aussi bien roter qu’elle, mais le reste c’est moi. Je passe mon temps à me casser la figure !

Comment ça s’est passé avec Michael Caine ?

Ce qui a été difficile, c’est qu’il a été fait Chevalier par la Reine d’Angleterre en cours de tournage. D’un coup, on s’est mis à le traiter avec beaucoup de respect. Ce qui m’ennuyait car jusque là, on se moquait facilement de lui. Ce n’était pas obligatoire de l’appeler « Sir » mais quand on le faisait, il y avait de l’ironie.
J’ai remarqué que les gens qui sont arrivés à un tel niveau, ces gens extrêmement talentueux, restent très naturels. Michael est sans prétentions. C’est bien de rencontrer des gens que vous admirez et qui ont su garder les pieds sur terre. Michael est comme ça. C’est un être normal, et il se trouve qu’il a beaucoup de talent.

C’est votre première comédie où vous jouez beaucoup avec votre physique. C’est quelque chose qui vous plaisait depuis longtemps ?

Oui, et je me suis demandé pourquoi j’aimais autant ce type de comédies. J’ai toujours voulu faire ça mais les réalisateurs ne voulaient jamais. Je crois que ce goût vient du fait que ma mère est allemande. Quand j’étais enfant, je croyais qu’elle n’avait pas d’humour parce qu’elle ne comprenait pas mes blagues, à cause de la traduction. En revanche, quand je tombais, ça la faisait rire. Et puis en grandissant en Allemagne, j’ai vu beaucoup de films allemands, italiens, français, et j’ai remarqué que l’humour se traduisait mieux lorsqu’il était burlesque, physique. J’adore les comédiens qui font rire par leur physique, des gens comme Jerry Lewis ou Lucille Ball. C’est de l’humour qui prend les gens par surprise, presque par acccident. Quand quelqu’un tombe d’un escalier, c’est difficile de ne pas éclater de rire.

Propos recueillis par Marc Kressmann (MonsieurCinema.com)